Qui est Guy Debord, comment son œuvre trouve autant de pertinences aujourd'hui ?

Avec mes recherches sur le mensonge en politique, je trouve sur ma route à maintes reprises Guy Debord (1931 - 1994) et son œuvre la plus connue "La société du spectacle" publiée en 1967, où il dénonce l'aliénation à la société de consommation et le spectacle se réfère à un monde de reproduction de la société fondé sur la reproduction des marchandises.

france culture - Guy Debord : L'art de déplaire
france culture - Guy Debord : L'art de déplaire

Guy Debord est né dans une famille aisée mais il va vivre le lent déclin de la petite manufacture de chaussures de luxes située dans le XXe arrondissement de Paris. Après la mort de son père de la tuberculose il reste avec les deux femmes de son noyau familiale, sa mère et sa grand-mère. Pendant la seconde guerre il partira vers Nice en automne 1939 puis il remontera dans la région parisienne à Fontainebleau en été 1941.

Guy Debord est l'un des membres fondateurs de l'Internationale lettriste de 52 à 57, puis il s'en écarte pour fonder l'Internationale situationniste entre 57 et 1972. Une avant-garde post-dadaïste, post-surréaliste qui intervient à un moment ou l'avant garde commence à s'épuiser, ou l'idée d'être dans une posture d'avant-garde, ou l'idée de rompre avec l'académie existe déjà depuis le 19e siècle. Se pose alors la question de comment être encore une avant-garde ?

Après la disparition du situationniste, Guy Debord continue de lutter seul contre "le spectacle", il se met en scène comme le dernier ennemi de la société mais il va devoir se construire une image pour se présenter tel qu'il veut être vu, et c'est paradoxal mais il a compris la force de la maîtrise de l'image de soit.

Selon Vincent Coffman, pour Debord le spectacle c'est ce que la société marchande qui veut nous faire croire et nous faire faire.

Dans un monde inversé, où le "Tout est moins vrai que la somme des vérités de ses parties" ou pour retourner la célèbre phrase de Hegel : "Le Tout est le mensonge, seul le Tout est le mensonge", Debord rejoint certaines conclusions de Günther Anders.

Avec l'émission télévisée de Bernard Pivot Apostrophe nous avons basculé dans le monde du spectacle, la littérature n'est plus, les écrivains font semblant d'écrire pour se promener entre les plateaux de télé.

Le spectacle est le stade achevé du capitalisme.

Le spectacle, il faut le voir pour y croire, il faut de l'authenticité pour que le spectacle soit bon, il faut qu'il s'y passe de véritable événements, il faut que des gens soient humiliés, il faut qu'ils aient été victime de quelque chose, il faut qu'il y ait de l'agressivité de l'agression. 

Il faut que quelque chose soit en train d'arriver à quelqu'un pour faire du spectacle et l'on pense au format de la téléréalité d'aujourd'hui et au spectacle télévisuel en direct et en instantané.

La société du spectacle de Guy Debord :

"L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir… C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout."

Guy Debord est donc un visionnaire qui a su prédire les maux que nous avons contractés en laissant la "société du spectacle" prospérer pour tout nous prendre jusqu'à notre vie que nous vivons maintenant par procuration.

Dans ce monde du spectacle médiatique les valeurs s'inversent et le bien devient le mal, de très mauvaises valeurs deviennent le bien, l'intellectuel est rayé, l'imbécile devient un dieu.

Pourquoi Guy Debord reste aussi pertinent aujourd'hui ?

Lorsque j'avais abordé Guy Debord en cours de philosophie, j'avais d'abord commis un contresens en pensant que la "société du spectacle" dont parle Guy Debord, c'était la société des gens du spectacle, la culture, le théâtre, les arts de la rue, le spectacle vivant. Il est bien plus évident pour moi aujourd'hui que Guy Debord n'a rien contre les saltimbanques !

Le spectacle de Guy Debord c'est la société actuelle qui s'est développée dans la lucarne télévisuelle et les réseaux sociaux.

Nous observons de plus en plus une porosité entre le monde des médias et celui des politiques. Aujourd'hui des gens incultes accèdent au pouvoir par le biais des médias, ils deviennent très connus à travers la petite lucarne, ensuite les gens votent pour eux. C'est catastrophique pour le niveau des politiques qui ne sont plus que des marionnettes médiatiques.

Babelio - Citations de Guy Debord (271)

"C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout."

Questions de phi : Nous vivons par procuration

Je constate aujourd'hui, avec l'alignement des planètes, crises de l'énergie, guerre, réchauffement climatique, à quel point notre société occidentale est futile basée uniquement sur le consumérisme des ultra-riches.

L'écologie punitive est en train de stigmatiser des gens pauvres qui ne peuvent rien y faire, tandis que les plus riches ont droit au spectacle, ils s'achètent de grosses voitures de plus en plus polluantes,  le cynisme est à son paroxysme, le spectacle bat son plein. Pourrons-nous l'arrêter pour éviter la catastrophe qui s'annonce...

Aurélien Barrau cite Guy Debord dans sa conférence à CentraleSupélec : a-t-on encore besoin d’ingénieurs ?

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Conférence à CentraleSupélec : Timestamp: 22:10

Au temps 22:10 Aurélien Barrau cite Guy Debord pour dénoncer la société du spectacle.

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